BEYONCÉ

BEYONCÉ

Crédit Photo : DR

Un an après les premières rumeurs, Beyoncé est enfin de retour avec un nouvel album éponyme, et elle est toute excusée pour cette attente interminable. Le 13 décembre peut être baptisé Beyoncé Day.

Comment ne pas l’excuser avec un album de cette qualité ? BEYONCÉ est son meilleur album, plus mature, tant au niveau des textes que des sonorités. Mais peut-on parler d’album ? Il faudrait parler davantage de projet que d’album, car ce serait réduire à peu de choses cet évènement musical orchestré d’une main de maître par celle que ses fans appellent désormais God Bee. Elle voulait que son public ait une première impression différente de celle que pourrait laisser un clip de 10 secondes, elle voulait que cette première impression se fasse après avoir écouté et regardé l’intégralité de son album, c’est désormais chose faite.

En 14 chansons et 17 clips, ce phénomène de non-marketing risque de faire parler de lui durant un moment. Sans aucune promo, Beyoncé a réussi à vendre plus d’albums que Lady Gaga (dont l’album a été rebaptisé ARTFLOP par les internautes), Britney Spears (oui oui, elle a sorti un nouvel album) et Katy Perry réunies  lors de leur première semaine. Mais ne comparons pas l’incomparable. Si vous cherchez un album pop, optez pour la légèreté de Prism, ici on est bien au-dessus de ces enfantillages. Quand les plus grandes stars de la pop nous vendent du réchauffé, Queen Bee nous montre encore une fois un travail différent, évolué, encore plus abouti, et permettant de découvrir une autre facette de la diva. Une véritable cohésion se dégage de cet opus. Les titres s’enchaînent avec logique, avec maîtrise, montrant une cohérence parfaite malgré l’éclectisme des styles. La majorité des titres sont de vrais prises de risques dans leurs structures. On ne peut qu’acclamer un tel travail.

La libération sexuelle

Cet album est entre autre placé sous le signe d’une réelle émancipation sexuelle, au sens littéral. Tant dans les textes que dans les vidéos les accompagnants, Beyoncé ose là où elle avait l’habitude d’employer des métaphores. Terminé les Ego, Speechless et autre Dance For You, et laissons place à Drunk In Love, Partition et Rocket.  Les textes sont explicites, les plans sexys, les attitudes désinvoltes, et la vulgarité absente.

10 ans après avoir été Crazy In Love de son mari, Beyoncé revient Drunk In Love de Jay-Z, et l’alchimie fonctionne toujours autant. Ce titre respire l’alcool, une ambiance presque mystique s’en dégage, la façon de chanter de Bee est parfaitement raccord au thème. Ce charisme, cette attitude, ces petits pas de danse … laissez vous enivrer

Le bémol de ce titre se trouve dans la controverse du couplet de Jay-Z. La comparaison avec le mari de Tina Turner, connu pour ses violences conjugales est vraiment gênante. Cela mérite des explications.

Partition, le meilleur titre de l’album, est également le plus aguicheur, pour ne pas dire le plus sexuel. Il se décompose en 2 parties. La première, intitulée Yoncé, est une petite pépite, véritable hymne à notre diva et à sa façon non-conformiste de travailler. Celle-ci ne prend même pas la peine de la chanter, et laisse ce soin aux trois superbes mannequins qui l’entourent. Mais le plus intéressant arrive ensuite, avec le jouissif Partition. Beyoncé a déclaré qu’après avoir enregistré ce titre, elle ne l’a pas fait écouter à sa mère, car trop gênée. Et pour cause, elle y réalise l’un de ses fantasmes : après avoir fait son affaire à son mari dans la voiture, elle l’emmène au Crazy Horse pour un show privé des plus sexy. Des basses très lourdes, un flow imparable, cette musique donne envie de faire l’amour, c’est aussi simple que ça. L’un des moments forts de la chanson, au-delà de l’intro, reste le passage en français, qui sample The Big Lebowski …. The Visual Album contains mature content : elle nous avait prévenu !

Pour rester dans le même genre, on retrouve également sur cet album le titre Blow, dont on évitera d’expliquer les paroles aux plus jeunes. Il s’agit d’une métaphore édulcorée plus ou moins explicite du cunnilingus. C’est dit ! Ainsi, les paroles ‘can you eat my skittles ? That’s the sweetest in the middle’ prennent tout leur sens. Au-delà des paroles, l’ambiance rétro-funky du morceau est imparable, et le clip colle parfaitement à cette atmosphère : Turn that cherry out !!

Let me sit this ass on you’, le ton est donné pour Rocket. Ce titre écrit entre autre par Miguel et Justin Timberlake ne pouvait être autre qu’une balade ultra-sensuelle. Les images sont superbes, notamment les ralentis et plus spécifiquement lorsqu’elle semble flotter en tombant sur le lit … God damn.

Beyoncé a confié ne pas savoir si, avec du recul, elle disposerait d’assez de confiance en elle pour enregistrer à nouveau ce titre. Le voyage sensuel est en tout cas garanti.

De superbes collaborations

Il n’y a pas que Jay-Z qui apparaît sur cet album. D’autres artistes de renom participent à ce projet. On retrouve ainsi Drake sur le titre Mine, superbe morceau, mettant très bien en valeur les qualités vocales de Beyoncé, mais qui ressemble un peu trop à du Drake, chanté par Beyoncé. Cela ne vient en rien gâcher la qualité du titre, mais il manque quelque chose de propre à Miss Knowles.

Superpower voit la participation du talentueux Franck Ocean. Ce titre entêtant respire la puissance. Leur voix sont en parfaite harmonie, mais un featuring aurait été davantage intéressant sur le titre I Miss You de son précédent album 4, qui avait été également écrit par Franck Ocean. Pour le plus grand bonheur des fans des Destiny’s Child, Kelly Rowland et Michelle Williams apparaissent dans le clip, aux côtés de Pharrel Williams et Luke James.

La collaboration la plus étonnante réside néanmoins sur le titre ***Flawless dont l’excellente première partie Bow Down, très agressive, avait été donnée en cadeau à ses fans il y a quelques mois. On retrouve en effet l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, féministe, dont des extraits de son discours ‘We should all be feminists’ ont été intégré au titre. Ceux-ci viennent à point nommé justifier les choix de Beyoncé, notamment concernant cette libération sexuelle très explicite (‘We teach girls that they cannot be sexual beings in the way that boys are’).

Pour réaliser ses clips, Beyoncé s’est également très bien entourée : Hype Williams (Viva La Vida), Jake Nava (Crazy In Love, Singles Ladies), Melina Matsoukas (We Found Love, Just Dance), le photographe Pierre Debusschere, mais également Terry Richardson, sur le clip de XO. Cette chanson rappelle le style de Coldplay ou de U2 et trouvera tout son sens chanté en live. Voici le clip tourné à Coney Island :

Un album personnel

Il s’ouvre en beauté avec Pretty Hurts, titre écrit par Sia, et interprété (non chanté) par Beyoncé. Cette précision est nécessaire quand on a pour habitude d’entendre les chansons écrites par Sia, à l’image de Loved Me Back To Life de Céline Dion ou encore Diamonds de Rihanna, dont les influences vocales de l’auteur sont on ne peut plus remarquables dans les versions finales. Ce n’est clairement pas le cas ici, pour le plus grand plaisir des oreilles. Ses vocalisations à la Halo se dégustent et s’apprécient toujours autant. Visuellement très soigné, le point important se trouve dans la présence des trophées. Beyoncé a déclaré que ceux-ci symbolisent les sacrifices qu’elle a fait étant enfant, et voulait tout simplement les détruire. Elle ajoute qu’aucun des nombreux prix qu’elle possède n’égale sa fille disant « maman » ou le respect qu’on lui témoigne quand elle est sur scène.

S’en suit Haunted, dont sa première partie Ghost a de quoi dérouter. Des sonorités envoutantes, expérimentales, que l’on n’a pas pour habitude d’entendre dans l’univers de Queen Bee mais qui lui vont comme un gant. Une voix informatisée, fantomatique, qui décrit avec un réalisme troublant le ressenti de la chanteuse sur sa carrière, son label et cet ennui qui la gagne, préférant ainsi partir en tournée. L’hypnotique répétition des paroles ‘working 9 to 5 just to stay alive‘ est saisissante. La seconde partie, Haunted, aux sonorités alternatives, possède une puissance érotique qui augmente crescendo. Un régal pour les oreilles.

No Angel a été tourné dans sa ville natale, Houston, et bien qu’étant vocalement très technique, ce titre est le moins bon de l’album. Loin d’être mauvais, il se révèle tout de même peu facilement abordable. Dans un album de cette qualité, on considèrera que c’est une erreur de parcours. Une version condensée aurait été préférable. Jealous par contre, est un titre sans prétention, mais qui est vraiment très bon. Simple et efficace. Cette façon d’entamer le refrain en descendant d’un seul coup dans les graves est superbe. Il s’en dégage une force, une intensité … ainsi qu’une part de réalisme. Ce titre sonne comme une mise en garde pour son mari, Beyoncé pouvant très bien retourner flirter avec l’un de ses ex à Houston.

Avant Blue Ivy, on sait que Beyoncé avait fait une fausse couche. Le titre Heaven pourrait être un lié à cet enfant qu’elle n’a jamais eu. Il s’agit d’une chanson à ne pas écouter dans n’importe quelles circonstances tant il est imprégné d’amour et de tristesse. Emotions assurées.

Pour clore le voyage, on retrouve une Beyoncé au top vocalement dans le titre Blue. Cet hommage à sa fille, vous l’aurez compris, voit d’ailleurs la participation de celle-ci dans les dernières secondes du morceau. Adorable !

Ce qui rend cet album si personnel, au-delà des textes ou des visuels, c’est l’intégration dans les clips, de passages filmés de son enfance. Comme son premier moment télévisuel, sur l’émission Star Search, ou la remise d’un prix à Houston pour un concours. Le clou de cette immersion, reste la vidéo bonus de Grown Woman, utilisant des images de sa jeunesse, mais où les mouvements des lèvres ont été modifiés pour correspondre aux paroles. Le rendu est excellent, et le petit moment chorégraphique de la fin ravira les amateurs des danses de Beyoncé, étonnement absentes de cet album.

Beyoncé est ici au sommet de son art. Cet album vient une nouvelle fois remettre les choses au clair quant à son statut de reine de la pop. Madonna elle-même l’a adoubé. Malheur à ceux qui ne l’aiment pas, vous risquez d’en entendre beaucoup parler encore longtemps … très longtemps.

Elle qui avait déclaré avoir peur que sa sortie surprise passe inaperçue, elle peut être rassurée, ils sont déjà plus de 2.4 millions à l’avoir acheté à travers le monde, pulvérisant au passage de nombreux records de ventes. Bow down bitches.

Publié le 12 janvier 2014
Dernière mise à jour le 15 décembre 2017

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