Vis ma vie de médecin en PMI

Vis ma vie de médecin en PMI

Crédit Photo : DR

Avec son roman-ouvrage « Stéthoscope en compote » paru aux Presses de l’EHESP, Kristell Guével évoque son activité de médecin à la Protection Maternelle Infantile (PMI). Entre anecdotes et informations, l’auteure démontre que la structure n’est pas destinée qu’aux familles en difficulté et qu’elle est même incontournable pour obtenir de multiples conseils dans la prévention et l’éducation de l’enfant. Rencontre avec un médecin passionné et passionnant.

« Stéthoscope en compote«  : le nom du livre peut prêter à rire, mais derrière les confidences de l’auteure Kristell Guével se cache une structure méconnue du grand public : la Protection Maternelle Infantile (PMI). Dans cet ouvrage introspectif, le médecin nous fait découvrir sa réalité quotidienne par des textes courts et percutants et des témoignages. Une véritable mine d’informations qui a pour origine un blog qu’elle alimente depuis 2015 et qui vient de se transformer en ouvrage, grâce aux éditions de l’EHESP. Roster Con est allé pour vous à la rencontre de Kristell Guével, médecin de PMI à Paris.

Roster Con : Comme vous le soulignez si bien dans votre ouvrage, la PMI est plutôt méconnue du grand public et bon nombre en ont une image péjorative. A quoi est-ce dû selon vous ?
Kristell Guével : La PMI est très fréquentée pour son offre de « pesées conseils » : les parents de tout milieu social viennent bien souvent, adressés par les professionnels de la maternité, faire peser leur bébé dans les premiers jours de vie. Ils bénéficient alors des conseils des auxiliaires de puériculture et/ou des infirmières puéricultrices. Elle est moins connue pour ses autres activités offertes aux familles : consultations préventives médicales, psychologiques, maïeutiques…, visites à domicile, ateliers collectifs de prévention et d’éveil…

Effectivement, l’image de la PMI est souvent négative : celle d’un service social chargé de juger si les parents sont suffisamment bons. C’est évidemment totalement faux ! Notre rôle est bien préventif. La bonne santé d’un enfant n’est pas seulement l’absence de maladie. C’est aussi un bien-être global avec des conditions optimales de sécurité, de développement et d’éducation. C’est à cela que nous travaillons avec tous les parents, quels que soit leur milieu socioculturel, et en lien avec d’autres acteurs.
Nous les accompagnons dans leur parentalité et dépistons d’éventuels troubles développementaux ou sensoriels chez leurs enfants. Cet étayage se fait en transparence et en accord avec les parents. Nous essayons d’obtenir leur confiance. Ce n’est pas un dû, c’est donc une grande reconnaissance pour nous que de la gagner !!!

Pourquoi cette image négative ? Probablement parce que nous avons, en parallèle de notre mission de prévention, une fonction d’évaluation des situations familiales fragiles, en lien avec d’autres acteurs sociaux. L’expression même de « service social » a d’ailleurs une connotation péjorative. Et puis, ce qui est « gratuit » est suspect, dans notre société. Je me souviens d’ailleurs d’une maman qui m’a un jour confié : « On m’a dit que les professionnels de la PMI ne peuvent pas être bons, puisque c’est gratuit ! »

Vous racontez un certain nombre d’anecdotes, tantôt tendres, tantôt dramatiques. En avez-vous peut-être une drôle à nous faire partager ?
Celle qui me vient en tête, me fait encore rire, rien que de me la remémorer… En fin de consultation, une mère change la couche de son bébé. Puis elle donne la couche au père, pour qu’il aille la jeter. Il y a deux poubelles dans le cabinet : une derrière lui et une autre derrière moi. Comme il me fait face, il ne voit pas celle qui est derrière lui. En revanche, il repère assez vite celle qui est derrière moi. Entre cette poubelle et lui, il y a donc : la table d’examen avec son enfant et moi. Il lance la couche au-dessus de nos têtes. Panier ! Lui est radieux et fier. La mère est décomposée et honteuse. et Moi ? Hilare !

Comment êtes-vous passée du blog à l’édition du livre ?
C’est un ami psychiatre, Dr David Gourion, auteur lui-même de plusieurs ouvrages, qui m’y a engagé et m’a donné la confiance nécessaire pour envisager ce projet. La littérature est une véritable passion depuis ma plus petite enfance. Grâce (ou à cause) de mes parents ! Alors écrire un livre, pour moi, est presqu’une reconnaissance. Pour certains ce sont les médailles, moi c’est un ouvrage ! Le blog est un média merveilleux mais plus fulgurant, plus éphémère. Ecrire un livre demande beaucoup plus d’introspection, de remaniements, de doutes. J’ai été admirablement épaulée dans ce travail par l’équipe des Presses de l’EHESP. Et l’aboutissement est une grande fierté !

La fin de votre ouvrage est axé sur la puériculture, un grand chapitre dans lequel vous conseillez également les nouveaux parents. Que diriez-vous à ceux qui n’osent pas pousser la porte de la PMI pour les convaincre ?
Je dirais qu’ils n’ont pas à avoir peur d’être jugés. Notre rôle est de soutenir et de guider tous les parents. Notre ambition est d’éviter que des situations fragiles ne se dégradent, ou que des situations stables ne se fragilisent.

Publié le 11 juin 2018
Dernière mise à jour le 12 juin 2018

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