Elle s’appelle Marie-Stéphane Vaugien, et depuis qu’elle est à la retraite, son métier lui manque. Son ancienne profession ? Hôtesse de l’air. Alors pour combattre les préjugés mais aussi se souvenir, elle a eu l’idée d’écrire un livre « Entre deux bleus ». Une belle réussite qui a donné naissance à un second volet, « Papa Tango Charlie », ainsi qu’à une pièce de théâtre, « Elle gagne sa vie en volant », qui se jouera en juillet, à Avignon. Nous sommes allés à la rencontre de cette auteure qui connait désormais une seconde vie.
Roster Con : Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir hôtesse de l’air ?
Marie-Stéphane Vaugien : « Envie » n’est pas le mot ! « Besoin » est plus adapté ! En effet, j’étais jeune mariée à l’époque, rêvassais sur les prénoms de nos futurs enfants… et mon mari m’a quittée ! J’étais à la Sorbonne en doctorat de 3e cycle de Lettres et civilisation afro-américaines, j’ai donc envoyé ma candidature à l’Education Nationale pour être prof d’anglais. Parallèlement, un copain est arrivé avec une coupure de journal annonçant un recrutement chez AIR France… Il m’a convaincu de tenter ; ma grande sœur Marie-Jo m’a encouragée, elle rêvait de faire ce métier dans les années 60 et a eu une fin de non-recevoir de notre mère ! Mais moi, j’ai tenu tête !
Dans votre ouvrage, « Entre deux bleus », vous mêlez récits de vol et souvenirs d’escale. Quelle reste pour vous la rencontre la plus marquante ?
Question difficile ! Bien sûr il y a les paysages époustouflants de beauté, les sites archéologiques fascinants, mais ce qui m’importe le plus, ce sont les gens ! Du passager anonyme et cocasse au plus célèbre, d’un enfant des rues à Fidel Castro
Avez-vous tenu une sorte de carnet de bord au cours de votre carrière en vue de publier un livre un jour ?
Eh bien curieusement pas du tout ! Dommage d’ailleurs ! Ca aurait meublé mes nuits d’insomnie dues au décalage horaire ! Quand je suis partie à la retraite en 2009, j’étais heureuse ! Je n’allais plus louper les mariages, les anniversaires, Noël ! Mais … je suis tombée en dépression : il n’y avait plus mes gentils passagers pour me complimenter, plus mes collègues pour me faire rire, plus toutes ces rencontres… Alors j’ai écrit ma « douleur » et tous les jolis souvenirs sont revenus ! Un feu d’artifice, tellement foisonnant que le 2ème tome s’est imposé !
Avez-vous eu des retours sur votre ouvrage de la part de personnes du métier ?
Oui, les commentaires les plus faits, de la part de mes collègues : « Tu dis tout haut ce qu’on pense tout bas ! » ou « Marre de répondre à ‘Vous êtes serveurs, pompiers, infirmiers, des bibelots pour faire joli ? » « Alors je leur offre ton livre : Tiens lis ça ! » me dit Philippe Guibourg un chef de cabine qui m’a acheté… 17 exemplaires !
Et le plus joli compliment provient de personnes ne travaillant pas dans les nuages : « Votre livre il devrait être remboursé par la Sécurité Sociale, tellement il donne la pêche par son humanité, ce tourbillon de vie ! »
Quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Casser l’image d’Epinal, les clichés sur ce métier mal connu finalement. Montrer ce qu’il y a sous cet uniforme impeccable et derrière ce sourire indémontable.