« Juste Puni » : un message d’espoir sur la maltraitance

« Juste Puni » : un message d’espoir sur la maltraitance

Crédit Photo : DR

Avec son roman « Juste puni », paru aux éditions Véridice, Anaïs W. raconte l’histoire d’un adolescent victime de maltraitance de la part de son père. Roster Con est allé à la rencontre de l’écrivaine pour la questionner sur son ouvrage coup de poing.

Il y a des romans qui vous marquent, et c’est le cas de « Juste puni » d’Anaïs W. Paru aux éditions Véridice, le livre suit Mathieu, un adolescent de 17 ans, battu par son père. Chaque jour ou presque, pour un oui ou pour un non, le jeune homme se fait maltraiter. Pour lui, c’est quelque chose de normal ; son paternel lui rabâche sans arrêt que sa mère est morte par sa faute. Mais le garçon ne se souvient de rien. Avant l’âge de 7 ans, c’est le néant. Si ses amis sont mis peu à peu au courant de ce qui se trame à la maison, Mathieu refuse de dénoncer son père. Et pour mieux le cerner, Anaïs W. nous accompagne dans la longue prise de conscience de l’adolescent. Un roman sombre, réaliste, qui ne sonne jamais faux.

Roster Con : Comment vous est venue l’idée d’écrire sur la maltraitance ?

Anaïs W : Pour être honnête, je n’ai jamais conscience de ce que je vais écrire, avant d’avoir commencé. Initialement, je n’ai pas choisi ce sujet. En écrivant ce livre, je voulais d’abord comprendre les personnes qui sont en souffrance et qui pourtant, ne changent rien. Comme c’est le cas de Mathieu qui s’est résigné à être battu. Je voulais également appréhender comment il était possible de leur venir en aide : on ne peut pas toujours ruer dans les brancards et secouer ces personnes-là. Leur souffrance est profondément enracinée et il vaut mieux les accompagner dans une lente remise en question et prise de conscience, c’est ce que font les amis de Mathieu.

Le sujet de la maltraitance était donc un vecteur pour faire passer ce message humain et psychologique. J’aurais bien entendu pu choisir d’autres types de drames et j’ai simplement suivi mon inspiration. J’en suis aujourd’hui très heureuse, si le choix de ce sujet peut amener une réelle réflexion sur la maltraitance infantile et le rôle de l’entourage dans l’accompagnement de ces enfants.

Dans votre introduction, vous dites « L’histoire de Mathieu, celle que j’imagine », vous êtes-vous inspirée d’une personne de votre entourage ou d’un fait divers marquant pour l’écriture de votre ouvrage ?

Le terme « imaginé » a ici tout son sens. Je ne me suis inspirée ni de mon vécu ni de celui d’une autre personne. J’ai écrit avec empathie, en me mettant dans la peau de mon personnage. Ligne après ligne, je me suis imprégnée de sa pensée et de manière la plus réaliste possible, j’ai mené un cheminement à ses côtés pour qu’il s’en sorte. Je n’ai pas voulu être influencée, car il existe autant de réactions face à une situation que de personnes sur terre. Ainsi, Mathieu a son histoire propre et unique, mais elle fait bien entendu écho à des histoires vécues et réelles. Chacun sera libre de se l’approprier comme il l’entend, le plus important étant pour moi d’apporter à la fin un message d’espoir, comme quoi il est possible de s’en sortir.

Tout au long de l’histoire, Mathieu parvient à se faire des alliés, mais en classe, hormis des punitions, les professeurs ne réagissent pas aux coups et aux bleus. Est-ce une façon de dénoncer également le système scolaire ?

Je ne souhaite pas dénoncer le système scolaire, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je fais intervenir la conseillère principale d’éducation (CPE). Cette dernière questionne franchement Mathieu sur son comportement et son état physique. Mathieu se défend et remet en question le jugement de la CPE, à tel point qu’elle ne peut être sûre de rien. C’en est de même pour les professeurs, ils voient, mais ils ne sont pas sûrs. Alors, comment savoir ? À quel point creuser ? Les professeurs sont des êtres humains et comme tout le monde, ils sont gouvernés par la peur, notamment celle de se tromper. Je ne peux pas les blâmer pour ça.

Quel est le message que vous souhaiteriez faire passer à travers votre roman ?
Il y a donc ce message sur la maltraitance, bien entendu, puis ce message sur la psychologie des personnes qui refusent de changer, comme je l’expliquais dans la première réponse. Je parle aussi souvent de message « d’espoir », mais je ne veux pas leurrer les lecteurs. L’espoir pour moi, ce n’est pas la destinée qui nous touche du doigt et qui résout tous nos problèmes, c’est une énergie, qui nous pousse de l’avant.

C’est donc aussi un message que je souhaite faire passer dans ce roman : pour sortir d’une situation difficile et se relever, il faut le vouloir. Il faut analyser et remettre en question ce que nous faisons et qui nous sommes. C’est à partir de là que naît l’espoir… Cette remise en question, c’est nous qui la menons, personne d’autre. Notre entourage peut seulement nous guider et nous pousser un peu sur cette voie, mais si nous refusons de réfléchir ou d’avancer, alors rien ne changera dans le fond. Voilà l’un des plus grands messages que je souhaite transmettre à mes lecteurs avec « Juste Puni » : les ressources sont en nous, nulle part ailleurs !

Publié le 13 septembre 2018
Dernière mise à jour le 17 septembre 2018

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