Critique : Ça se déchaîne sur Derry

Critique : Ça se déchaîne sur Derry

Crédit Photo : Warner Bros

Qualifié comme son « film préféré du siècle » par Xavier Dolan et écrasant tout sur son passage au box-office américain (meilleur démarrage de tous les temps pour un film d’horreur et second meilleur démarrage pour un film « Rated R » – interdit au moins de 17 ans sans la présence d’un adulte), Ça s’apprête à envahir les salles françaises le  20 septembre prochain. L’équipe de Roster Con a eu l’occasion de voir le film avant sa sortie et une chose est sûre : on ne verra plus jamais les clowns et les ballons rouges de la même façon.

Si une première génération a été traumatisée par le Pennywise de Tim Curry dans la mini-série de 1990 (diffusée en 1993 sur M6), la seconde pourrait l’être tout autant avec l’interprétation de Bill Skarsgård dans l’adaptation d’Andy Muschietti (et ce même si ses apparitions sont assez limitées). L’acteur suédois, principalement connu pour son rôle dans Hemlock Grove, joue parfaitement le clown métamorphe qui peut incarner vos peurs les plus profondes. Et pas sûr qu’il quitte rapidement votre esprit après avoir vu le film.

Côté chronologie, Andy Muschietti a décidé de prendre quelques libertés avec le livre. Ainsi, il zappe la double chronologie entre le présent (1985) et le passé (1958) pour se concentrer uniquement sur l’adolescence des enfants. De manière opportune, celle-ci se déroulera dans les années 80 plutôt que les années 50 afin de surfer sur la nostalgie ambiante de ces dernières années et on ne lui en tiendra pas nécessairement rigueur. Le résultat est assez réussi avec de nombreux clins d’œil à cette période que ce soit à travers les dialogues ou encore les décors. Cependant, de nombreuses personnes ne pourront pas s’empêcher de comparer Ça à Stranger Things (la présence de Finn Wolfhard renforce cette impression) ou encore aux films estampillés Amblin Entertainment.

Crédit Photo : Warner Bros

La scène d’ouverture avec Georgie, le frère de Bill qui va être une des victimes de Ça, retranscrit quasi fidèlement le début du livre écrit par Stephen King et nous donne le ton d’un film qui alliera avec succès horreur et humour. Le tout est « sublimé » par une bande originale efficace (si l’on excepte les variations de volume qui ne sont pas toujours nécessaires) et un jeu d’acteurs convaincant de la part des « Losers » qui se feront rapidement attachants. Mention spéciale pour Sophia Lillis, notre coup de cœur parmi le groupe d’enfants, et qui vole la vedette aux autres (Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor, Finn Wolfhard, Chosen Jacobs, Jack Dylan Grazer et Wyatt Oleff).

On regrette que certaines peurs n’ont pas été suffisamment exploitées (certaines sont à peine abordées) ou que les enfants n’ont pas été plus confrontés à celles-ci dans le monde réel – exception faite de Beverly. Les monstres ne sont après tout pas toujours tapis dans les égouts et selon nous le réalisateur aurait dû plus insister sur ce point. Si le taux de mortalité à Derry est plus important que la moyenne nationale (et ce même chez les adultes), il y a bien une raison.

De nombreux thèmes comme la découverte de son corps, de la sexualité, le harcèlement et le rapport aux parents sont abordés plus ou moins rapidement et auraient, eux aussi, mérités davantage de place au cœur du film. Par exemple, la disparition de Georgie (Jackson Robert Scott) pesant sur la cellule familiale des Denbrough est à peine abordée si ce n’est par l’absence même des parents dans la vie de Bill (Jaeden Lieberher) tandis que les sévices subis par Ben (Jeremy Ray Taylor) ne semblent pas inquiéter outre mesure sa famille ou les autorités.

Si l’on excepte ces quelques points – et les questions restées en suspens à la fin du film (on ne veut pas vous spoiler) – on est confronté à un film d’horreur efficace, qui en fera sursauter certains et ce malgré une construction classique.

Sans grande surprise, la conclusion de Ça prépare un second film qui suivra notre groupe de « Losers » 27 ans plus tard. On retrouvera donc Pennywise pour de nouvelles frayeurs dans quelques années. Une nouvelle qui ne fera pas plaisir aux syndicats des clowns qui demandent le boycott du film, mais qui devrait ravir les amateurs de film d’horreur.

Publié le 17 septembre 2017
Dernière mise à jour le 1 juin 2023

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