Whiplash : un premier long-métrage prometteur pour Damien Chazelle

Whiplash : un premier long-métrage prometteur pour Damien Chazelle

Crédit Photo : Blumhouse Productions / Bold Films / Exile Entertainment / Right of Way / Sony Pictures Classics

Whiplash est basé sur un schéma assez classique : Andrew (Miles Teller) est un jeune batteur en première année dans le plus prestigieux conservatoires de jazz des Etats-Unis, et donc du Monde. Le directeur de ce conservatoire, un dénommé Mr Fletcher (J.K. Simmons), le repère alors qu’il répète dans une salle et décide de l’intégrer dans son propre orchestre, un cercle très fermé composé des meilleurs éléments du conservatoire. Dès lors, le jeune Andrew va voir sa vie mise entre parenthèses : fasciné par ce professeur dont la renommée est immense, il va accepter d’en subir les humiliations, mettant de côté sa famille, ses histoires d’amour, s’exerçant jours et nuits jusqu’à ce que phalanges saignent. Dans ce face à face tumultueux entre un professeur sadique et son élève prêt à tout pour devenir le futur Charlie Parker, tous les coups bas sont permis, Andrew devenant même aussi odieux envers ses camarades que Mr Fletcher ne l’est envers lui. Alors que son intégrité physique et mentale sont mises à rude épreuve, le jeune homme d’un bout à l’autre du film donne tout, tout pour l’amour du jazz.

On notera l’excellente performance de J.K. Simmons (remarqué dans les séries Oz ou The Closer ainsi que dans la saga Spider-Man) pour laquelle il a reçu le Golden Globe du meilleur acteur ainsi qu’une nomination aux Oscars dans la même catégorie. Son personnage au sadisme non-dissimulé et à l’autoritarisme militaire lui colle à la peau, le réalisateur capturant à merveille son visage inquiétant pour faire vivre au spectateur les huis-clos étouffants entre le professeur et son élève, sur lequel il s’acharne à plusieurs reprises.

Le jeune Miles Teller est aussi éblouissant dans ce film, dont il tient le premier rôle. Il a d’ailleurs appris la quasi-totalité des partitions à jouer en prenant des cours intensifs, étant lui-même batteur depuis l’âge de 15 ans. Star montante de 2015 à n’en pas douter, l’acteur maîtrise à la perfection la complexité de son rôle à la limite de la démence. Jouant d’abord le jeune premier pour mieux muter vers une sorte de prodige impétueux, Miles Teller tient la dragée haute à J.K.Simmons, à l’instar d’Andrew à l’égard de Mr Fletcher.

Coup de projecteur finalement sur le réalisateur américain Damien Chazelle, encensé par la critique pour ce premier long-métrage. A 30 ans il semble avoir un avenir radieux devant lui, et redonne un véritable « coup de fouet » au cinéma indépendant américain. Servie par un fil conducteur qui est l’extrême cruauté du monde de la musique, sa virtuosité est à apprécier notamment dans les plans arrêtés sur les instruments ou la souffrance physique des protagonistes (mains en sang, corps en sueur…).

Loin du « feel-good movie » américain, Whiplash plonge le spectateur dans une zone d’inconfort et dans une atmosphère quasi-irrespirable, dans laquelle il prend finalement du plaisir. Sadique, disiez-vous ? Oui, et jusqu’au bout.

Publié le 27 janvier 2015
Dernière mise à jour le 19 février 2021

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